Ce témoignage se lit à l’envers: le texte le plus récent est en haut, le plus « ancien », en bas. (Stéphane)
Il est composé de plusieurs épisodes.
Episode 2: Carrousel infernal !
L’alcoolisme c’est être coincé sur un carrousel qui n’arrête pas de tourner, tourner, tourner et dont on n’arrive pas à descendre. Au départ, c’était gai, chouette, festif et puis ça vire au cauchemar, un carrousel infernal digne d’un film d’horreur.
Grâce aux vidéos de Stéphane, c’est comme si il m’avait fait signe de descendre :
– Viens, descends, ne reste pas sur ce fichu manège d’enfer.
– Ouf, ça fait du bien de te rejoindre sur la terre ferme.
Et je vois que je ne suis pas seule !
D’autres comme moi sont derrière toi !
Ce carrousel commençait sincèrement à me « saouler ».
Merci, Stéphane.
Et maintenant…
La vie sans alcool c’est la vie que j’attendais, la vie que j’espérais. Une vie simple, sans artifices nocifs, une vie comme celle des enfants qui savent s’amuser avec rien, qui s’émerveillent de peu, de tout !
C’est se reconnecter à soi-même, se respecter, sans jamais plus s’infliger cette autodestruction. C’est respirer en pleine conscience et être attentif à son corps.
C’est ne plus être dans le brouillard, les effluves des vapeurs d’alcool, d’éthanol, poison qui ne m’amenait que des bricoles. C’est ne plus être dans le gaz, anesthésiée, dans un état second, à côté de mes pompes ou pire, la tête dans le cul.
Non, je suis bien vivante, tous les sens en éveil, la vie est belle ! Prête pour de nouvelles aventures, une nouvelle vie, une vie sans alcool.
Nadine.
Episode 1: Larguer les amarres
À une période de ma vie, je buvais tous les jours. La fleur de l’âge, l’impression d’être invincible, le sentiment qu’il faut profiter de la vie coûte que coûte, à fond tant qu’on peut, autant qu’on veut.
Et puis au fil du temps il devient toujours de plus en plus difficile de se remettre d’un excès, d’une cuite. C’est le trou noir, je ne me souviens plus de ce que j’ai fait, de ce que j’ai dis ? La mémoire s’effiloche.
Et malgré tout, je continue à boire, c’est festif, on rigole, on s’amuse, on refait le monde. L’alcool désinhibe, rend tout puissant, c’est euphorisant.
Les années passent, le corps envoie des messages d’alerte, il n’en peux plus. Une petite voix me dit qu’il est temps d’arrêter. Je négocie et me lance dans 100 jours sans alcool pour faire le point, après j’opterais pour la modération. Pas de problèmes de sevrage ou si peu, tout va bien, je me dis que je ne suis pas alcoolique !
Tournée minérale arrive, je me lance le défi, tout va bien, je peux recommencer à boire avec modération.
Ça dure un temps, ce n’est pas facile, c’est même frustrant de s’arrêter après deux verres, l’engrenage se remet en place, après un verre, je ne sais pas refuser un deuxième, résister à un troisième… Les verres s’enchaînent, ne se comptent plus.
La petite voix revient. Je me documente sur l’alcoolisme, je lis des témoignages, et je me retrouve dans leurs récits. Je pense très fort : « c’est exactement ça ! » Je ne suis pas seule. Et si j’arrêtais, moi aussi !
Pour l’avoir déjà fait, je sais que j’en suis capable et je sais aussi que le jeu en vaut la chandelle.
La seule différence, c’est que cette fois-ci, il n’y a pas de compte à rebours jusqu’au jour J où je pourrais reprendre un verre, cette fois-ci je suis en CDI, mais un jour à la fois. Ça y est, je largue les amarres. C’est le début d’une nouvelle vie, je pars vers de nouveaux horizons, celui de la sobriété. Je sais que je devrai affronter des tempêtes mais ça fait partie du voyage.
Nadine.
» Une vie sans alcool, c’est réaliser que toutes ces années, on était coincé dans une petite boîte, à côté de plein d’autres petites boîtes absolument identiques qui nous bouchaient l’horizon.
Une vie sans alcool, c’est sortir de la petite boîte et s’envoler très loin, sans avoir le vertige.
Ou presque. »
Stéphanie Braquehais, Jour zéro. Editions l’Iconoclaste
Episode 0
Tout commence avec « Jour Zéro » de Stéphanie Braquehais où elle retrace dans un journal son abstinence à l’alcool.
Jour Zéro, c’est le lendemain de la veille.
Viendront ensuite les jours « zéro alcool ».
À la lecture de ce livre, je suis tentée de faire pareil et de tenir moi aussi un journal.
Pourtant le soir venu je me laisse tenter par un verre, un seul ! Un seul ???
Mon jour zéro est un samedi. La veille j’avais encore bu. Trop ! Trop à mon goût.
Quand je ne sais pas combien de verres j’ai bu, c’est que j’en ai bu trop. Je pense sincèrement que j’ai largement dépassé mon quota d’excès d’alcool pour la vie.
J’ai bu et donc j’ai raté mon repas du soir où plutôt il ne m’a laissé aucun souvenir. Pas de chance c’était des tomates farcies et j’adore ça !
J’ai bu et j’ai aussi raté ma soirée télé. J’ai loupé ma série, dommage !
J’ai bu et j’ai raté ma nuit de sommeil. Insomnie d’alcoolique, sueur, sentiment d’être poisseuse, mal dans ma peau, regret, bonne résolution. Ah ! une lueur d’espoir ! J’ai bu et j’ai raté mon réveil, mon jogging, une partie de ma journée, presque toute. J’ai bu et les conséquences ne sont pas anodines…
Et quand des matins comme celui-là se répètent encore et encore plusieurs fois par mois et que ça fait des années que ça dure, il est temps de se poser des questions.
La modération devient difficile. Si je bois un verre, je suis incapable de refuser et de résister à un deuxième puis un troisième et les suivants…après je ne compte plus.
Donc la solution est de ne pas boire le premier verre ainsi tout va bien.
C’est décidé, j’arrête l’alcool et je tiens un journal. L’écriture a le pouvoir d’être thérapeutique, c’est magique.