Voici donc le début de mon histoire, les racines de mon alcoolisme en quelque sorte.
Je suis né à Bruxelles dans une famille bourgeoise, bien sous tous rapports, sans drogué.e ou alcoolique.
Ma maman était une grande fumeuse toutefois.
Elle est morte d’un cancer quand j’avais 7 ans. Cela n’a pas du tout arrangé mon univers et encore moins mon évolution émotionnelle.
Je pense que c’est cet événement qui a déclenché un long processus vers des excès en tous genres. Ce besoin de reconnaissance, d’attention et cette impression « d’être de trop », de déranger, de ne jamais trouver ma place.
Dans les années qui ont suivi j’ai été placé successivement dans un internat en néerlandais avec ma grande sœur et en 2ème primaire dans un autre internat, en français, sans ma grande sœur. Jusqu’au second mariage de mon papa (quand j’avais 10 ans), et surtout après ce mariage, mes points de repères étaient ma sœur & ma grand mère car mon père, lui, était très occupé.
Deux ans plus tard, j’avais donc 12 ans, ma sœur, qui ne portait pas notre belle mère dans le cœur, s’expatrie en l’Allemagne pour apprendre la langue. Cette même année, ma grand mère meurt d’une crise d’asthme en pleine nuit, dans mes bras.
Ma sœur ayant rencontré l’homme de sa vie, elle ne reviendra pas à Bruxelles. Je me trouve donc la semaine à l’internat et le weekend avec ma belle mère qui me déteste car je suis « dans le chemin ».
Dans mes souvenirs c’est là que je me prends de passion (compulsion?) pour les disques, les sonos et je rêve de devenir un DJ connu et adulé ! C’est probablement mon moyen de répondre à la profonde solitude que je ressens et la tristesse qu’elle engendre. Je suis « dans le chemin – on ne m’aime pas » sont les deux sentiments que je vais traîner pendant mon adolescence.
Mon adolescence n’a pas été malheureuse toutefois. J’avais pleins de potes, je faisais des sonos, j’allais en classe et j’étais plutôt bon élève, j’étais interne et faisais beaucoup de sport, bref tout semblait aller bien.
Ado, je ne buvais jamais d’alcool sauf à deux reprises:
la première fois en classe de neige et la seconde à un barbecue organisé par le grand frère de ma première petite amie. Les deux fois j’ai été ivre quasiment immédiatement, malade et risible.
Je n’ai donc pas insisté.
A 17 ans, j’étais devenu nettement moins bon élève, et j’ai raté ma 5ème secondaire. Cet été-là mon père m’a demandé si je voulais vraiment faire des études? Incroyable question à laquelle j’ai bien entendu répondu « non ».
Je suis donc parti à la recherche d’un boulot de vendeur de disque, que j’ai trouvé tout de suite. Mais mon rêve était de devenir DJ professionnel.
Je suis aussi allé me présenter comme candidat dans une boîte et j’ai obtenu d’être embauché lorsque j’aurais 18 ans.
A 18 ans me voilà donc DJ et confronté au monde de la nuit, les drogues, l’alcool et ça, tous les jours. Là non plus je ne succombe pas.
Certes je bois de l’alcool mais il n’y a rien de bizarre à ça.
Tout au plus peut-on dire que si je bois trop, je suis vite ivre.
Mais rien de mal ne se passe pendant ces années. Au contraire, un pirate de la radio vient me proposer de créer une radio avec lui. Nous créons SIS à Bruxelles, suivie de TOP FM, et à partir de là commence notre grande aventure radio sur la FM, mais les choses allaient un poil déraper pour moi.
Ma première addiction était certes la cigarette que je fumais comme un pompier depuis l’âge de 12 ans, mais mon premier moyen de « défonce de grand » furent les somnifères que je prenais lors de sorties. Un compagnon de sortie me fit remarquer que c’était dangereux.
Donc nous avons choisi de trouver une vraie drogue pour faire la fête.
Brillante idée. Surtout pour moi qui ai plongé dedans la tête la première.
Me voilà donc drogué tous les weekends pour faire la fête.
3 ans plus tard, par une sorte de miracle, déjà, je prends conscience que je dois arrêter et le 1er janvier 84, j’arrête de fréquenter mes amis défoncés et ne touche plus à la drogue.
Les années qui suivent me verront clean, sobre, juste fumeur, et surtout très concentré sur notre nouvelle radio, sur mes occupations commerciales. Pas de drogues, pas d’addiction, pas d’alcool, un répit de quelques années avant de découvrir le concept de l’apéro.